L’aveuglement de l’idéologie populaire
L’aveuglement de l’idéologie populaire
Dans une démocratie normalement constituée gérée par un fonctionnement normal, les lois et les réglementations sont définies par des organes législatifs élus démocratiquement par le peuple qui, s’il n’est pas satisfait du travail de ses représentants peut les sanctionner par le choix de son vote.
L’évolution des réseaux sociaux et de la volonté du « tout et tout de suite » génère une révolution sociétale qui, si elle apporte de la réactivité, comporte une totale absence de réflexion sur les conséquences des revendications manifestées spontanément à grand renfort de battage médiatique.
L’injustice de l’acétamipride
Ainsi la loi DUPLOMB, votée le 8 juillet 2025 s’est-elle vue spontanément attaquée par une pétition lancée par Eléonore PATTERY, étudiante en Master QSE, qui a réuni 2 122 240 signatures (10 07 2025).
On peut s’inquiéter qu’une pétition de soutien n’ait obtenu que 618 signatures (22 07 2025)
Comment se fait-il que les 380 000 agriculteurs, appuyés par les 3,4 millions de retraités agricoles ne se soient pas mobilisés pour abonder un contre-feu à cette initiative mortifère. Sans doute en plus des problèmes quotidiens inhérents à l’exercice de leur métier et induits par des attaques quotidiennes émanant d’une opinion hostile et médiatiquement entretenue, sont-ils anesthésiés par le peu d’intérêt des élus décideurs à la défense d’un métier pourtant majeur et indispensable pour la survie de la nation.
Revenons-en au cœur du litige : la ré autorisation de l’acétamipride pour les cultures de betteraves et de noisettes. Pour les betteraves, ce sont les semences qui sont enrobées de cet insecticide pour protéger les plantes contre des attaques de pucerons vecteurs de la jaunisse et impactant gravement les rendements au point de mettre en péril la filière. Il faut préciser que les betteraves ne sont pas pollinisées par les abeilles, donc le risque de les tuer est donc fallacieux.
Mais on peut se demander pourquoi on ne peut pas autoriser cet usage spécifique, alors que les nicotinoides sont interdits en France depuis 2018, mais qu’ils sont d’usage courant et toléré dans les insecticides domestiques. La pipette ou le collier antipuces du chien de compagnie n’est-elle pas largement plus dangereuse quand le bambin suce son pouce près avoir caressé le chien ? Il est quand même curieux que Mme PATTERY n’ait pas relevé ce danger dans sa pétition ? Il est également curieux que cette pétition n’ait pas relevé que, selon l’ANSES la quantité d’acétamipride utilisée pour des usages domestiques ait été supérieure à celle pour des usages agricoles (897Kg vs 758Kg) !!
Mme PATTERY réagira-t-elle à la décision de la Commission Européenne du 31 juillet 2025 de relever dans des proportions extravagantes les Limites Maximum Résiduelles de l’acétamipride dans les produits consommés ?
Le Conseil Constitutionnel, après avoir censuré la loi DUPLOMB pour préserver l’environnement laissera-t-il la directive européenne augmenter les LMR de l’acétamipride dans les produits importés ?
Pour l’instant, et 15 jours après la promulgation de la directive, aucun média ne s’élève contre une telle injustice envers les producteurs et les consommateurs français.
Le démantèlement de l’agriculture.
Cette actualité met en exergue une politique sciemment orientée qui vise à détruire notre agriculture pour proposer aux citadins un espace rural vierge de toute pollution (pesticides, chant du coq, odeurs des vaches, même le bruit du clocher du village). Malgré toutes les preuves contraires, les paysans sont accusés de polluer l’air et l’eau, d’accaparer les ressources hydrologiques et toute tentative d’y apporter preuve contradictoire et argumentée est censurée par les médias mainstream.
L’opinion est matraquée en permanence pour amener les citoyens à conclure qu’il est préférable d’importer des produits d’origine agricole étrangère. Et cela fonctionne, les produits d’import étant moins chers car exonérés des normes sociétales et environnementales excessives qui sont imposées aux producteurs français. Et peu importe s’ils contiennent des résidus de pesticides interdits chez nous.
Et pour l’acétamipride que la France s’interdit par une décision du Conseil Constitutionnel, les LMR sont relevées par l’autorité de tutelle, la commission européenne !!
On peut en conclure que la réglementation protège plus l’environnement que la santé des citoyens.
Nombre d’arguments sont avancés avec comme prétexte cette protection de l’environnement :
Les émanations de méthane de la rumination des animaux d’élevage sont accusées de provoquer l’effet de serre (pas celles des ruminants sauvages, bizarre ?),
Certaines cultures végétales sont accusées de mettre en péril la biodiversité (maïs),
L’irrigation est accusée de piller les ressources des nappes phréatiques,
L’élevage en stabulations est accusé de maltraitance animale, alors que la protection des loups ou des ours oblige à un parcage pour limiter les prédations,
L’utilisation de la mécanisation en agriculture est accusée de piller les ressources énergétiques fossiles, etc..
Bien qu’il soit patent de constater que l’utilisation de ces ressources a permis d’abaisser la part des dépenses alimentaires dans le budget des ménages de 40,56% en 1950 (p 324 et 325) à 16,5% en 2025, de nourrir en quantité et en qualité une population qui a augmenté de 64,75% depuis 1950 malgré un nombre d’agriculteurs qui est passé de 2,3 millions en 1955 à 0,38 million en 2025 l’opinion continue de mettre le modèle agricole au pilori.
C’est pourtant l’action conjuguée de l’utilisation des carburants fossiles, de la mécanisation, de la génétique, de l’irrigation, des engrais chimiques et des produits de défense des végétaux et des animaux qui a permis un tel progrès économique et social.
Mais cela ne suffit plus à des dirigeants manipulés par une opinion écologique de consommateurs au ventre repu. Ils veulent effacer ce formidable progrès qu’a permis le travail acharné des agriculteurs et leur formidable adaptabilité pour préserver un environnement qui pourtant attire des millions d’immigrés et une santé qui n’est pas si mauvaise à en juger par l’allongement de l’espérance de vie.
Et les mesures pour satisfaire l’électorat citadin, largement numériquement supérieur à l’électorat rural sont à la mesure des ambitions :
Le programme européen Farm to Fork qui vise à « restaurer » la nature dans au moins 30% des surfaces ( § 36 et 37). L’emploi de ce mot n’est pas anodin, il renvoie à l’idée de base écologique d’une nature sauvage où l’humain ne doit pénétrer que discrètement pour admirer sans laisser de trace : Jardin d’éden pour citadins en euphorie champêtre.
Sans parler de la volonté de diminuer de 50% l’usage des pesticides, de 25% les engrais et d’imposer au moins 25% des surfaces en Bio, le moindre pragmatisme nous conduit à conclure que la production alimentaire ne peut que chuter drastiquement.
La volonté de diminuer de 30% le cheptel bovin qui a révolté les éleveurs hollandais répond à la double argumentation de réduire les rejets d’azote dans les sols et de méthane dans l’air.
Toutes ces louables intentions de préservation de l’environnement se révèlent contraires aux intérêts des producteurs et des consommateurs français. La diminution des surfaces cultivables et des cheptels, associée aux interdictions d’utilisation de produits de défense des cultures et des animaux font perdre la compétitivité des producteurs français face à leurs concurrents étrangers.
Et cynisme ultime, le relèvement des LMR de l’acétamipride dans un pays où on l’interdit pour les usages agricoles traduit la volonté d’éradiquer l’agriculture que l’opinion formatée par des médias considère comme une pollution majeure.
Un espace rural sans tracteur, sans ferme, sans maïs sans culture redeviendra le paradis originel !! Mais sans paysan pour entretenir les espaces ruraux, les champs retourneront rapidement à la friche, aux ronciers, à la forêt. Et les citadins n’auront plus à manger que des glands !
Mais non, nos penseurs et dirigeants ont tout prévu, la nourriture sera importée et pas chère, avec des limites de résidus de pesticides réévaluées…
Ce que nos penseurs et dirigeant n’ont pas prévu, c’est que notre balance commerciale ne nous permettra plus de payer ces importations dont les producteurs ne nous feront pas cadeau. C’est ainsi que nous verrons des pénuries alimentaires, comme celle des médicaments ou des composants électroniques.
Et on entendra tous ceux qui ont milité pour « assainir » notre environnement accuser les paysans de ne pas être capables de nourrir la population !!! Hypocrisie et trahison.
Armand PAQUEREAU
14 août 2025
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