papyrural, Le blog d'Armand PAQUEREAU

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Stockage de l’eau, la sagesse finira par triompher.

Stockage de l’eau, la sagesse finira par triompher.

 

Les opposants obstinés aux « bassines », voire à tout stockage de l’eau en vue d’utilisation d’irrigation viennent de perdre une bataille, mais leur bellicisme entretiendra leur pugnacité.

Le tribunal administratif de Poitiers a rejeté ce mardi 11 avril des recours des opposants aux projets de retenue d’eau. Cela ne présage pas pour autant la fin du contentieux.

Alors que des aides existent encore pour subventionner la récupération des eaux de pluie des toitures des particuliers, les écologistes s’opposent (même violemment) à ce que les agriculteurs puissent eux aussi stocker les eaux en période de pluviométrie excédentaire pour l’utiliser en période de sécheresse.

L’article L 210 -1 du code de l’environnement stipule : « L'eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d'intérêt général. »

L’article L 211-1 précise que « cette gestion prend en compte les adaptations nécessaires au changement climatique et vise à assurer : […]
4° Le développement, la mobilisation, la création et la protection de la ressource en eau ; »

Il semble évident que le stockage de l’eau par pompage dans les nappes phréatiques superficielles ou dans les eaux de surface en période de pluies excédentaires réponde à la perfection aux exigences de la loi. J’ai déjà démontré que les nappes superficielles, lorsqu’elles atteignent un niveau maximum de remplissage, se déversent soit en surface soit par des rivières souterraines dans la mer. Il est également démontré que le pompage dans ces nappes, régulièrement surveillé depuis trente ans par le BRGM (graphique ci-dessous) n’a modifié ni le niveau maxi, ni le niveau mini de ces nappes. Les variations annuelles résultent de l’évaporation naturelle et des pompages estivaux et du remplissage par l’infiltration des pluies.

irrigation sur 30 ans

 

 

Pourquoi certains idéologues écologistes forcenés ne veulent pas admettre que tout mettre en œuvre pour retenir cette eau qui repart à la mer dans une période où son abondance peut être néfaste (inondations, modification de la salinité des parcs ostréicoles aux embouchures des fleuves) est d’un intérêt général et commun ? Pourquoi prétendent-ils que créer des bassines de stockage est plus un accaparement de l’eau par certains que d’autres qui remplissent leurs piscines quand leur voisin doit se contenter d’un débit réduit à son robinet d’eau car il a des difficultés à payer les factures ?

 

La jalousie des opposants ne viendrait-elle pas de l’article 641 du code civil ? :

 

« Tout propriétaire a le droit d'user et de disposer des eaux pluviales qui tombent sur son fonds.[…] La même disposition est applicable aux eaux de sources nées sur un fonds.[…] Lorsque, par des sondages ou des travaux souterrains, un propriétaire fait surgir des eaux dans son fonds, les propriétaires des fonds inférieurs doivent les recevoir ; mais ils ont droit à une indemnité en cas de dommages résultant de leur écoulement. »

Il ressort clairement de la loi qu’un propriétaire peut utiliser l’eau qui tombe sur ses terres, qui en sourd ou qu’il a pompée dans la nappe sous-jacente peut être utilisée pour son usage personnel, qui rejoint l’intérêt général dans le cas de l’irrigation.

En effet, l’eau qui rejoint les nappes phréatiques provient pour la presque totalité de l’infiltration des pluies tombées sur les terres agricoles et rurales. L’eau qui tombe sur les surfaces artificialisées (urbanisations, infrastructures routières) rejoint directement les cours d’eaux pour se jeter directement dans la mer, avec dans la majorité des cas aucun traitement de dépollution des ruissellements. Les citadins ressentent donc comme une concurrence toute utilisation de l’eau par les agriculteurs, et les sécheresses qui se succèdent ne font qu’amplifier cette acrimonie.

Le principal reproche fait à l’irrigation est d’utiliser de l’eau à une période de pénurie. Les niveaux des nappes sont surveillés par piézométrie télé-enregistrée et les arrêtés préfectoraux régulent ou interdisent toute irrigation pour préserver la ressource vitale. Les installations d’irrigation sont elles aussi contrôlées (compteurs plombés télé-enregistrés) et tout manquement au respect des arrêtés préfectoraux est très sévèrement sanctionné.

L’argument des anti-bassines relatif à l’évaporation des bassines est totalement erroné. Le focus (ci-dessous) du graphique précédent sur l’année 2021 est explicite : du 16 février au 15 avril, et du 1er octobre au 6 décembre le niveau de la nappe descend dans une proportion de 14,42% de sa hauteur maximale, et ce en dehors de la période d’irrigation. La capillarité naturelle des sols et l’évapotranspiration des végétaux en sont l’explication. En ce qui concerne l’évaporation des bassines, les porteurs de projets l’estiment à 3 ou 4% des volumes, alors qu’une étude de météo France estime l’évaporation sur les lacs réservoirs du bassin de la Seine à 10%, ce chiffre incluant la porosité des sols qui augmente par infiltration la perte en volume de l’eau stockée. Dans les bassines sur géomembrane étanche, cette infiltration n’existe pas.

zoom irrigation sur 30 ans

 

 

L’irrigation, une pratique vitale pour tous.

 

Une terre sans eau, c’est un désert sans vie. Dans un contexte de sécheresses à répétition et d’une population mondiale en constante progression, il faudra bien dans nos régions encore privilégiées prendre modèle sur les zones géographiques où les sécheresses sont pires et où les habitants ont su développer des méthodes pour apporter aux plantes et aux humains l’eau indispensable à leur survie.

L’idéologie de promouvoir (d’obliger ?) des cultures plus frugales en eau trouve ses limites dans la nécessité de nourrir les populations. Leur rendement est si faible que dans les zones où elles sont pratiquées, elles ne suffisent pas à nourrir les populations. Chaque être vivant doit avoir ses besoins en eau couverts, sans quoi il périclite et meurt. Les cultures nourricières, pour transformer le CO² contenu dans l’air en hydrates de carbone bases de toute nourriture ont besoin d’eau. De la bonne quantité d’eau qui leur est fournie au bon moment découle leur rendement en quantité et en qualité.

Il est donc de l’intérêt commun d’apporter cette eau au moment crucial pour assurer le rendement optimum. L’irrigation permet d’ajuster les apports aux besoins, afin d’éviter les pertes de récolte engendrées par les sécheresses excessives et les augmentations de prix à la consommation engendrées par ces fluctuations.

Le stockage de l’eau en période de pluviométrie excédentaire est une pratique intelligente et nécessaire. De nombreux exemples désormais admis par tous en portent témoignage. Les lacs de retenue du bassin versant de la Seine permettent d’abonder l’étiage du fleuve en période déficitaire et le temps de leur remplissage hivernal limite les risques de crues. Il en est de même en Charente où les lacs de Mas Chaban et Lavaud permettent de réguler le débit estival du fleuve Charente. Il faut noter qu’en décembre 2019, la moitié du débit du fleuve a rejeté en deux jours l’équivalent du contenu de Mas Chaban, soit 14,2 millions de M3 d’eau. Comme quoi il y a de la disponibilité encore inutilisée.

Savoir utiliser l’eau pour assurer de la nourriture pour tous est le challenge incontournable. Il est fort dommage de perdre du temps et de l’énergie à devoir prouver une telle évidence.

Egalement publié sur Contrepoints :
https://www.contrepoints.org/2023/04/15/454675-bassines-vs-ecologistes-la-bataille-de-leau

  



19/04/2023
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