De l'art de façonner l'information
De l’art de façonner l’information
Dans son article « Cancer du pancréas : Une étude française fait le lien avec l’usage des pesticides » La Charente Libre prend des chemins détournés pour (des)informer le public (article du 22 04 2025)
En allant vérifier une source invoquée, on constate des interprétations déroutantes.
Selon cette source libellée en anglais, on peut lire après traduction :
« Nous avons identifié 134 102 cas incidents d'AP (1) entre 2011 et 2021. Le risque relatif d'AP était hétérogène selon l'espace, le risque étant plus élevé autour de Paris, dans le centre de la France et sur le littoral méditerranéen. Nous avons observé une association, quoique faible, entre le PEXI (2) total et l'incidence d'AP sur la période d'étude (RR : 1,0130 ; IC95 % [1,0057 ; 1,0204]). Le soufre pour pulvérisation, le mancozèbe et le glyphosate ont montré des preuves d'une association de même ampleur. »
Cette étude précise que l’incidence du soufre, du mancozèbe et du glyphosate sont de la même ampleur que celle du PEXI qui est mentionnée comme faible.
L’article de la Charente Libre :
« Le résultat est sans ambiguïté : la répartition géographique des cas de cancer n’est pas homogène. Elle épouse de manière significative celle des usages agricoles de pesticides. Les chercheurs évoquent notamment le glyphosate, le mancozèbe et le soufre pulvérisé, substances parmi les plus utilisées. »
L’article de la Charente Libre conclut l’inverse de l’étude qui met en avant un risque plus élevé autour de Paris, dans le centre de la France et sur le littoral méditerranéen.
La Charente Libre incombe de manière insistante et hypothétique la responsabilité de l’agriculture dans les risques de cancer, en l’espèce du pancréas.
Le quotidien local devrait objectivement se documenter et réfléchir sur la quantité de « pesticides » utilisés en France et leurs secteurs d’utilisation avant d’être aussi péremptoire !
L’agriculture n’utilise que 10,64% du total des pesticides. Pourquoi est-elle toujours stigmatisée ? Il est toujours plus facile d’imposer des contraintes à une minorité de citoyens quand on évite de les imposer au plus grand nombre.
En témoigne l’exemple suivant : Pourquoi a-t-on interdit le Fipronil aux éleveurs de poules pondeuses sous prétexte de résidus possibles dans les œufs. Pourtant, ce produit est autorisé pour lutter contre les parasites des animaux de compagnie par application d’une pipette de liquide entre les épaules de l’animal. Le bambin de deux ans qui caresse l’animal et suce son pouce est évidemment plus en danger que le consommateur qui mange les œufs précités.
Aucune association ne trouve à redire à de dangereux paradoxe…
- (1) AP = adénocarcinome pancréatique
- (2) PEXI = pesticide exposure intensity index (index d’intensité d’exposition aux pesticides)
Armand PAQUEREAU
22 avril 2025
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