papyrural, Le blog d'Armand PAQUEREAU

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« Pesticides » : l’assaut final

La lutte contre l’emploi des phytosanitaires en agriculture s’enflamme. Les maires se coalisent pour forcer la main au gouvernement afin d’obtenir des distances de retrait conséquentes pour les applications des produits qu’ils appellent « pesticides ».

 Sans doute n’ont-ils pas mesuré l’étendue de leurs désidératas. Une distance de retrait de 150 mètres autour d’un bien privé de 500m² situé au milieu des champs entraîne une interdiction de protéger les récoltes sur 10,35 hectares. Si les cultures ne sont pas protégées contre les ravageurs, les maladies et les adventices, il est inutile de cultiver pour ne rien récolter. Mais les exploitants de ces terres concernées devront les entretenir propres pour éviter l’ensauvagement et les risques d’incendie.

Cette interdiction de facto de cultiver est une grave atteinte au droit de propriété et est en contradiction totale avec l’article 17 de la convention des Droits de l’Homme.
 « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité. »

Ce droit inviolable est repris par l’article 545 du code civil :
« Nul ne peut être contraint de céder sa propriété, si ce n'est pour cause d'utilité publique, et moyennant une juste et préalable indemnité. »

Ainsi les maires, par leurs arrêtés «anti-pesticides», enfreignent la réglementation en n’assortissant pas leurs décisions de mesures d’indemnisation des propriétaires et des exploitants spoliés.

Il s’avère que ces arrêtés municipaux, s’ils ne sont pas abrogés et s’ils se multiplient, non seulement vont interdire de culture des milliers d’hectares, ce qui aggravera de manière exponentielle le phénomène d’artificialisation des terres, mais auront également un impact catastrophique sur la balance commerciale : la production perdue sur ces surfaces devra être importée, sans garantie que les produits d’importation ne seront pas contaminés par des phytos interdits en France.

Les restrictions de surface qui sont imposées vont avoir des répercussions économiques délétères envers des exploitations agricoles déjà lourdement handicapées par une réglementation française parmi les plus contraignantes. Il s’en suivra nombre de faillites, augmentant la réduction inquiétante du nombre d’entreprises. La balance commerciale de la production agricole, dont le déficit se creuse dangereusement, va rendre notre pays alimentairement dépendant des importations.

Mais cette limite de retrait de 150 mètres ne va pas satisfaire longtemps les écologistes. Quand on retrouve du sable du Sahara que les vents de sud ont déposé sur nos voitures, il est bien évident que la demande de retrait de 150 mètres va devenir une exigence de retrait total de l’utilisation des phytosanitaires en agriculture.

Les phytos en agriculture sont le pendant des médicaments pour les humains. S’ils ont pris, les uns comme les autres, autant d’importance dans nos vies, c’est que le ratio bénéfices/risques s’est révélé et prouvé plus bénéfique que dangereux. Mais les associations écologistes se focalisent sur l’utilisation des phytos en agriculture, qu’elles veulent bannir à tout prix. Ainsi, la charge contre le glyphosate avec des analyses d’urine, confiées au laboratoire allemand Biocheck. Curieusement, toutes les analyses confiées à ce laboratoire par des associations écologistes ressortent positives au glyphosate à 100%. Par contre, les analyses identiques confiées à différents laboratoires par des organismes officiels comportent entre 0% et 44% de résultats positifs (1)

Cette idéologie du zéro « pesticide » en agriculture se renforce par la présentation de l’agriculture Biologique comme la solution miracle. Or, il est pernicieusement occulté que même la Bio utilise des « pesticides », qui ne sont pas tous d’origine naturelle. Et il reste à prouver qu’un poison naturel est moins dangereux qu’un poison chimique…

Et la bio, comme l’agriculture conventionnelle, ne peut se passer de produits de protection. La liste des 593 formulations commerciales phytos autorisées en Bio (2) en témoigne. Un exemple flagrant de la nécessité de protéger les récoltes est la grande famine des années 1845-1848 en Irlande (3), qui a fait entre ½ et un million de morts, 2 millions d’émigrés et autant de réfugiés, a été causée par le mildiou qui a ravagé les cultures de pomme de terre. Encore de nos jours, sans protection fongicide Bio (cuivre) ou chimique, le mildiou compromet, voire détruit, toute récolte de certaines cultures. Et le mildiou n’est pas, et de loin, le seul ennemi des cultures ! Il suffit de consulter les milliers de références de la base de données Ephytia (4) listant les prédateurs des cultures pour comprendre les risques et difficultés rencontrés par les agriculteurs pour amener le produit de ces cultures à disposition des consommateurs.

Il est à craindre que les instigateurs de toutes ces manœuvres pour interdire les phytos en agriculture ne soient pas conscients, ou ne veulent pas envisager les conséquences catastrophiques de leur idéologie.

A vouloir interdire toute protection des cultures, cette idéologie écologiste va anéantir toute production végétale et animale dans notre pays, rendant notre alimentation totalement dépendante des importations. Ces produits importés, cultivés avec des produits interdits en France représenteront la totalité de notre alimentation, avec des risques accrus de résidus tant décriés par les associations écologistes.

A terme, ces produits importés aujourd’hui à bas prix pour concurrencer notre production nationale, n’auront plus à affronter cette concurrence. Leurs fournisseurs pourront nous imposer les prix qu’il leur plaira pour ces produits qui seront indispensables pour nourrir nos concitoyens.

L’idéologie écologiste aura transformé notre pays en de vastes champs de promenade pour citadins avides de grand air pur, sauf qu’en peu de temps, non entretenus par des paysans disparus ces champs vont s’embroussailler avant de retourner à la forêt. Formidable ! car la forêt est un puits de carbone, et comme on n’aura que des glands et des champignons à manger, il n’y aura plus d’obèses !

Les associations écologistes veulent respirer un air pur, s’accaparer un espace rural où il n’y aura plus de « pesticides », d’épandages de lisier ou de fumier, plus de paysans pollueurs. Mais elles seront très heureuses d’épandre sans état d’âme dans l’espace rural les boues urbaines de leurs stations d’épuration…

L’agriculture, après tant d’autres activités majeures de notre pays, va être délocalisée suite à l’action subversive de militants obsédés incapables d’imaginer les conséquences délétères de leurs actes.

L’inconscient collectif a oublié qu’il y a moins de ¾ de siècle les citadins affamés venaient mendier de la nourriture auprès des paysans !



08/11/2020
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