papyrural, Le blog d'Armand PAQUEREAU

papyrural,  Le blog d'Armand PAQUEREAU

Le pillage alimentaire planétaire

Le pillage alimentaire planétaire

 

Le 26 août 2025, ARTE a diffusé un documentaire intitulé : « Main basse sur les terres ».  Le sous-titrage est plus instructif : « Pillage alimentaire ».

A chaque siècle correspond une matière essentielle sur laquelle se sont construits les empires :             XVIème les épices,
               XVIIème le sucre,
              XVIIIème XIXème le coton,
              XXème les hydrocarbures,
Il est constaté que le XXIème sera le siècle de l’eau.

 

Une compréhension réaliste de l’importance alimentaire

 

Au rythme de l’évolution de la démographie mondiale, même si de l’utilisation des ressources fossiles a permis d’accompagner cette évolution, voire de la permettre, celle-ci va se raréfiant car créée lors de millions d’années elle sera tarie en quelques siècles, il sera difficile de maintenir un production alimentaire suffisante pour éviter des révolutions plus planétaires que le printemps arabe ou les émeutes de la faim de 2008.

Dans un contexte où il semble que notre planète entre dans un cycle de réchauffement avec ses excès de chaleurs, sécheresses et cyclones dévastateurs, la production alimentaire mondiale a besoin de plus en plus de surfaces fertiles. Et pas de fertilité des sols sans une pluviométrie suffisante, naturelle ou irriguée.

Selon un reportage en Russie, après avoir épuisé leur cheptel lors de la famine qui a précédé la chute de l’URSS, les dirigeants soviétiques ont pris conscience que la nourriture gouvernera le monde, avant même la fin des énergies fossiles.

Devant le risque de chaos généralisé en raison de l’inégalité dans l’accès à l’eau et à la nourriture, les dirigeants avisés de nombreux pays se sont inquiétés des limites de leurs productions alimentaires et partent à la chasse aux terres cultivables autour du monde soit pour augmenter leur puissance économique, soit pour assurer un approvisionnement suffisant pour leurs populations.

Des gens riches et influents se sont réunis pour s’organiser afin de mettre la main sur les dernières terres cultivables de la planète. Ainsi, des investisseurs ont acheté une exploitation de 10 000ha dans le sud-ouest de l’Arkansas. Mais cela ne se passe pas toujours aussi « légalement ». Ces accaparements sont souvent effectués par l’éviction des autochtones dans des conditions socialement catastrophiques. Ce qui induit des rébellions, où en Zambie elles ont généré un procès retentissant qui a permis aux habitants spoliés de retrouver leurs terres ancestrales confisquées.

Ces spoliations ne se font pas sans des aides occultes qui financent des mercenaires pour assurer la protection des nouveaux « propriétaires » et des personnels des entreprises gravitant autour de cette nouvelle économie, voire leur exfiltration en cas d’aggravation de la situation.

Qui va louer ces terres ? des grands exploitants agricoles, mais aussi des acheteurs de l’agro-alimentaire ou des agents gouvernementaux chargés de la sécurité alimentaire. Wall Street fait le même constat : la demande alimentaire est en hausse, la production en baisse, il y a donc des bénéfices potentiels envisageables…

Les ressources en eau et la production agricoles peuvent être un des prétextes à l’ouverture de conflits armés. Ainsi le blocage par l’Ukraine du canal qui approvisionnait la Crimée avec les eaux du Dniepr a été l’élément déclencheur majeur de l’annexion de la Crimée par les troupes russes. La pénurie de production agricole en résultant a conduit la population à faciliter l’annexion de la Crimée par les soldats russes. De même, à l’instar du printemps arabe et des émeutes de la faim en 2008, une pénurie alimentaire globalisée peut devenir un déclencheur de nouvelle guerre mondiale.

 

Et pendant ce temps l’Europe…

 

En 2000, la France produisait 140% des biens alimentaires qu’elle consommait. En 2021, Au total, la France importait 20 % de sa consommation alimentaire, une dépendance qui a doublé au cours des vingt dernières années. Sous le poids des normes et soumise à une concurrence accrue des autres pays, la production de certains produits s'est effondrée et on importe aujourd’hui 60% des fruits, 40% des légumes, plus du tiers des volailles, 25% des porcs et 56% des ovins consommés en France.

Cette perte d’indépendance alimentaire est le résultat de normes sociales et environnementales écrasantes imposées par la Commission européenne, normes surtransposées par une administration française tatillonne sous la pression de lobbies écologistes toujours insatisfaits.

Mais ces résultats concrets et très inquiétants ne suffisent pas à l’appétit normalisateur des décideurs européens. Pour satisfaire à une norme drastique de nitrates dans les sols, il a été demandé aux éleveurs néerlandais de diminuer de 30% leur cheptel sans s’inquiéter des conséquences économiques et humaines d’un tel sacrifice. Ceci a entraîné une révolte des paysans et la création du BBB, parti politique d’opposition qui est devenu la première formation de la chambre haute avec 15 des 75 sièges. Il revendique la sécurité alimentaire nationale.

En plaçant les défis climatiques et environnementaux au centre de son action, le projet européen Green Deal, prévoit d’instaurer au moins 10% de surfaces d’intérêt écologique non productives au sein des fermes européennes d’ici 2030, et 30% à l’échéance 2050. Il prévoit également de diminuer de 50% l’usage des pesticides de synthèse et des fertilisants et de porter à 30% les terres cultivées en Bio.

Comme si cela ne suffisait pas, la réglementation protège des prédateurs (loups, ours, vautours, Blacks Blocks) qui se multiplient en nombre et en zones de prédation et qui viennent détruire à répétition des installations ou des productions vivrières pendant que de nombreux citoyens peinent à se nourrir.

On comprend aisément que de telles mesures ou actions ont déjà et auront un impact plus conséquent sur des baisses drastiques de production, et que la dépendance alimentaire des pays concernés sera très fortement aggravée. Leur balance commerciale largement déséquilibrée ne leur permettra même plus de payer les importations devenues indispensables pour nourrir leurs populations.

 

En attendant…

 

 Pendant que des dirigeants mondiaux avisés essaient de trouver des solutions à un problème crucial dont dépend l’équilibre économique et la paix sociale mondiale, les dirigeants européens sont en train de détruire la production agricole la plus performante au monde pour satisfaire aux lubies écologistes de décroissance de quelques milliers de citoyens politisés hyper actifs au ventre repu. Pour satisfaire pleinement ces derniers, il ne reste aux populations mondiales qu’à limiter leur appétit, car moins produire en Europe pour importer l’équivalent de l’autre bout du monde n'apporte rien de positif au bilan écologique mondial, bien au contraire.

 

Mais attendons-nous, lorsque l’effet des mesures écologiques utopistes aura fini de faire effondrer les productions, à entendre ces ventres repus se rebeller et accuser les paysans de paresse et d’incompétence.

Armand PAQUEREAU
30 août 2025

 



03/09/2025
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Actualités locales pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 33 autres membres