papyrural, Le blog d'Armand PAQUEREAU

papyrural,  Le blog d'Armand PAQUEREAU

Emeutes : qui a semé le vent récolte la tempête

Emeutes : qui a semé le vent récolte la tempête.

 

Tous les médias se perdent en conjectures pour tenter d’expliquer, déplorer ou justifier de tels comportements, qui se rapprochent dangereusement d’un état de guerre civile.

Et si la progression des réglementations elle-même était à l’origine d’une telle dérive ?

 

Il est interdit d’interdire !

 

Cet aphorisme de Jean Yanne a été médiatisé par Alain Geismar sur l’antenne de l’ORTF le 22 mai 1968.

Devenu slogan, il résume un état d’esprit de l’évolution de la conception de la vie en société.

Déjà, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 10 décembre 1848 axe ses prescriptions sur le droit de chaque citoyen, alors que celle de 1789 génère une réglementation globale d’une vie harmonieuse de la vie en société. En témoigne en particulier l’article 4 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi. »

Ainsi, sur la base de ce slogan, s’est développée l’idée que l’article 5 qui permet à la loi d’interdire les actions nuisibles à la société devrait lui-même être interdit. Et on arrive à des justifications grotesques par des élus ou des journalistes des émeutes de pillages de magasins de chaussures ou de téléphonie qui seraient excusables par la faim et la pauvreté !

 

Pourtant, on n’a pas arrêté d’interdire…

 

Depuis les évènements de 68, la mentalité d’une catégorie de citoyens a évolué vers des interdictions délétères. Qui ne se souvient des difficultés des enseignants à gérer le déroulement de leurs cours, majoritairement pollués par des désordres et des indisciplines qui débouchent maintenant sur des agressions physiques. Bien évidemment, il est interdit à l’enseignant de réagir spontanément et efficacement par une gifle au gamin qui lui crache à la figure. Et les choses ont évolué, et une simple réprimande ou une mauvaise note peut maintenant être prétexte à une visite agressive des parents. Et si l’enseignant est agressé et frappé, il ne faut surtout pas qu’il se défende, car la proportionnalité de la défense lui sera systématiquement opposée. On ne doit pas répondre à la violence par la violence… Vieille réminiscence de notre culture judéo chrétienne.

Malgré le slogan de 1968, sous la pression d’une opinion bien-pensante, on a commencé à juste titre par lutter contre les violences familiales et la maltraitance des enfants. Cette vision idyllique que l’on peut régler la discipline et tout conflit par la seule parole a vu son apogée avec la loi contre la fessée du 2 juillet 2019. Cette évolution de la société a auréolé le statut de l’enfant-roi, à qui l’on ne peut rien refuser sans risquer, par le relais du N° 119, les foudres de poursuites judiciaires. Ainsi, tout moyen de coercition pour s’opposer à des déviances comportementales juvéniles est devenu aléatoire et risqué.

 

Le basculement des valeurs.

 

 Sans tomber dans une violence néfaste, peut-on estimer qu’en réponse instantanée à un comportement injustifié et incontrôlable d’un juvénile, une simple gifle bien méritée n’est pas une réponse efficace à une rébellion délétère ? Il est certain que les générations qui ont subi les foudres de la gifle ou de la fessée n’en sont pas mortes et force est de constater que les cheveux blancs qu’elles sont devenues ne constituent pas les contingents qui mettent à feu et à sac les villes et les banlieues. Et cela commençait dès l’école : si l’élève se comportait mal en classe, déjà il était « corrigé » par l’instituteur, et si les faits remontaient aux parents, il prenait une seconde « rouste » à la maison. De quoi lui faire passer l’envie de recommencer…

Avec la nouvelle idéologie, l’enfant peut cracher au visage de ses parents, tout casser à la maison, il ne faut pas le toucher, ni même l’enfermer dans sa chambre sous peine d’être poursuivi pour maltraitance psychologique, voire séquestration. Ainsi on a un jeune qui progresse et qui, après avoir « maitrisé » ses parents, attaquera le professeur, mettra le feu aux poubelles, volera et pillera les magasins, tentera de griller un policier et avec des copains du même acabit agressera, torturera et peut-être tuera des personnes âgées. L’habitude de la non-punition mène à tout, d’autant que les faits les plus graves ne sont pas toujours immédiatement sanctionnés.

Il est malheureusement des individus, qu’ils soient élus de la nation ou relais de pensée dans les milieux médiatiques, pour défendre l’idée que ces dérives de délinquance sont la conséquence de la pression de la société, de la pauvreté et de la promiscuité sociale, qu’ils ne sont pas responsables des délits qu’ils commettent, mais victimes de la répression légale que l’Etat tente de leur opposer. Le délinquant ne doit pas être poursuivi par la police pour ne pas risquer l’accident : il peut donc filer en toute impunité De même ce citoyen qui maîtrise et retient à son domicile un de ses trois cambrioleurs et le remet à la police. Le citoyen est condamné à deux ans de prison avec sursis pour séquestration et le malfaiteur à six mois de prison avec sursis pour tentative de cambriolage, car il a été stoppé avant de cambrioler.

Quand on sait que l’article 73 du code de procédure pénale stipule : « Dans les cas de crime flagrant ou de délit flagrant puni d’une peine d’emprisonnement, toute personne a qualité pour en appréhender l’auteur et le conduire devant l’officier de police judiciaire le plus proche. » on a peine à comprendre un tel jugement, sinon à constater qu’il ne constitue pas un frein à la délinquance !

 

La valeur de la sanction

 

J’entends déjà les objections : les sanctions ne sont pas la bonne formule pour l’éducation des jeunes ; la prison crée plus de délinquance qu’elle n’en corrige ; la persuasion par le dialogue est la seule formule acceptable… On en voit bien le résultat : une grande partie de la population respecte la loi, travaille et paie des impôts quand une minorité agresse, vole, pille et brûle les biens publics et privés.

Et pourtant, la sanction reste dissuasive : pourquoi les radars sont-ils si efficaces, pourquoi la majorité des gens paient leurs parkings, leurs impôts ? parce que les amendes sont douloureuses et appliquées.

Le soutien des plus faibles aboutit à une protection nécessaire, mais les délinquants exploitent les failles à loisir, pour le plus grand malheur de la société. Les allocations familiales, le RSA, et certains revenus minimum de survie ne peuvent, de par la loi, être saisis pour servir de moyens de coercition envers les fauteurs de troubles.

C’est ainsi que les pilleurs ne craignent pas les sanctions ? pas de place dans les prisons, pas de personnel pour surveiller les travaux d’intérêt général. Les amendes, ils s’en moquent, n’ayant pour la plupart pas de revenus déclarés, et pour les bénéficiaires des soutiens sociaux précités, l’impunité prévue par la loi.

 

Le pire est à craindre

 

Quand des délinquants sont poursuivis par la police, et meurent électrocutés en 2005 à Clichy-sous-Bois en tentant d’échapper à la poursuite, et que des émeutes dévastent pendant trois semaines les biens publics et privés, le prétexte évoqué est la faute de la police et les policiers sont même poursuivis pour non-assistance à personne en danger ! De même l’issue dramatique du refus d’obtempérer du jeune Nahel aboutit à la même logique : la police ne doit pas poursuivre les délinquants… Non seulement la punition n’est pas certaine, mais il ne faut pas non plus s’opposer à leur actions délétères, dangereuses et hors la loi.

Si l’Etat n’est plus en mesure d’appliquer l’article 7 de la déclaration des droits de l’homme de 1789 : « Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la loi doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance », il y a fort à parier que l’anarchie n’est pas loin.

Dans la compassion et la clémence pour les juvéniles, il a été créé à leur intention des règles de surprotection dont les conséquences n’ont pas été évaluées. Cela a généré un état d’esprit d’impunité qu’heureusement seulement une minorité met à profit, mais que l’Etat hésite maintenant à sanctionner tant la peur des émeutes le tétanise.

On n’a pas osé s’opposer au vent des caprices juvéniles, on subit la tempête de jeunes révoltés !

 



16/07/2023
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Actualités locales pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 30 autres membres