papyrural, Le blog d'Armand PAQUEREAU

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Le gouvernement, la Covid19 et la sphère privée

Le premier Ministre l’a répété lors de son interview sur France Info : Le gouvernement doit prendre toutes les mesures pour protéger la population et éviter (limiter ?) la propagation du virus. Depuis de nombreux mois, des décisions contraignantes ont été prises, souvent contradictoires et difficilement justifiables, pour freiner la propagation de la maladie. Mais le premier Ministre a reconnu :  "Moi, je ne peux pas réglementer les espaces privés (...) mais il y a quelqu'un qui peut réglementer l'espace privé : c'est le propriétaire, c'est le maître des lieux".

Ce qui est curieux c’est que ni lui-même, ni les deux journalistes présents, n’ont relevé l’ambiguïté de ce propos ! Ce mot de propriétaire, qui serait le maître des lieux privés, aurait-il le droit, selon Mr Castex, de réglementer la vie chez ses locataires ?

Certes, le propriétaire se voit déjà affublé d’obligations dont la loi ne lui donne que très peu de moyens de les mettre en application. Quand il doit assurer au locataire la jouissance paisible des biens loués, que lui donne la loi comme moyens pour faire cesser les nuisances de voisinage ?
Quand il se voit poursuivi pour une surpopulation dans son logement, alors qu’il a concédé un bail à une personne ou un couple, quels moyens lui donne la loi pour contrôler le nombre de personnes hébergées ?

Selon notre premier Ministre, le propriétaire devrait imposer les règles de distanciation sanitaire et de limitation du nombre de personnes dans un logement alors que l’article 9 du code civil ne lui permet même pas de pénétrer dans le logement loué sans le consentement du locataire !

Il est donc impossible au propriétaire d’assumer une telle responsabilité, à l’instar du maire de la commune du PIZOU, en Dordogne, qui avait loué la salle municipale pour un mariage de 40 personnes, qui se sont retrouvées 400, au mépris des règles sanitaires en cette période d’épidémie.

Le propos du premier Ministre ajoute encore au manque de confiance envers nos dirigeants après toutes les affirmations et décisions contradictoires en matière de gestion de la pandémie, il a cependant demandé « de respecter les gestes barrières dans l’espace privé comme dans l’espace public", ce qui semble être la mesure la plus sage et la plus simple. Quoique… ? Respecter les gestes barrière dans un appartement n’est pas si facile.

Imaginons un cas concret : Une personne d’une famille est déclarée cas contact ; toute la famille doit être soumise aux tests de dépistage. Cette personne est positive, tous les autres sont négatifs. Ils sont donc à leur tour cas contacts jusqu’au prochain dépistage. Dès ce moment, toute la famille est soumise au confinement et la personne positive doit être isolée dans une pièce de l’appartement. Son accès aux toilettes et à la salle de bains doit être programmé afin d’éviter de croiser les autres membres de la famille et ces espaces désinfecté à chaque passage. La semaine initiale de confinement se prolonge au fur et à mesure de la contamination de chaque membre de la famille, ce qui peut « enfermer » cette famille pour une durée proportionnelle au nombre de membres !
Malheureux propriétaires qui devraient gérer cet imbroglio !

La lutte contre ce virus est surtout une affaire individuelle de civisme et de bon sens. Eviter autant que faire se peut le contact avec autrui est le meilleur moyen d’éviter la contagion, pour autant que le virus ne soit pas propagé par les déplacements d’air, ce qui ne semble pas prouvé comme impossible. L’inconscience es individus est incroyable. Lors d’une cérémonie de funérailles, tous les participants correctement masqués et distancés font procession autour du cercueil. Nombreux, en geste habituel de compassion, les uns après les autres posent la main sur le cercueil, favorisant on ne peut mieux la propagation éventuelle du virus…

Ce qui est inquiétant, c’est que le gouvernement prend des mesures coercitives pour obliger les citoyens à respecter les mesures barrières, mais leur application est diversement réalisée : une amende pour la retraitée qui parle avec son conjoint à la fenêtre de l’EHPAD, avec le jardin qui les sépare et aucune interdiction ni intervention contre les réunions festives de centaines (voire milliers) d’individus.

Les clusters qui résultent de ces réunions qui se moquent des risques de contagion ont une incidence délétère sur la vie des concitoyens et des conséquences économiques graves. L’incivilité et l’insouciance des citoyens sont des caractères très français, mais ils sont entretenus par des communications officielles contradictoires qui détruisent la confiance que l’on peut avoir dans celles-ci pour vaincre la pandémie.

Il est fort probable que ce virus soit installé pour longtemps et vienne nous infecter à la manière des rhumes ou autres grippes hivernales. La perspective d’un vaccin n’est pas rassurante quand la durée de leur validation habituelle demande plusieurs années, et que l’on veut nous en proposer un (ou plusieurs) en seulement quelques mois.

 Quant à la mise au point d’un médicament, cela ne semble pas la priorité des gouvernements, à en juger par l’opposition faite à l’utilisation de l’hydroxy-chloroquine dont les résultats de l’IHU de Marseille semblent prouver l’efficacité (mortalité des patients traités >de 3 jours : 0,5%).
Si l’on se réfère au taux de létalité apparent, calculé sur le ratio nombre de décès imputés au Covid19/ nombre de cas confirmés de contaminations, on recensait au 24 juin 2020 478 221 décès dans le monde pour 9 295 365 cas confirmés. Cela donne un taux de létalité apparent global de 5,14 %.

Si on compare l’incidence de la Covid19, selon les chiffres de l’INSEE, pour les six premiers mois de 2020 par rapport à la mortalité lors périodes correspondantes de 2017, 2018 et 2019, on constate une surmortalité de 0,028%, incluant la surmortalité des autres pathologies induite par le retard de prise en charge dû à l’engorgement des services hospitaliers par le traitement de la Covid19.

 Au vu de ces statistiques, faut-il prendre les mesures gouvernementales au sérieux ? Risque-t-on plus de contamination après 22 heures qu’avant ? Certes un couvre-feu limiterait la durée possible de contamination, mais cela n’empêchera pas les individus inconscients d’aller faire la fête dans des lieux privés !

La réponse positive sera dans l’attitude et le civisme de chacun de nous.
On doit se priver des contacts lorsque cela n’est pas absolument nécessaire, un petit coup de fil ou une visiocommunication apporte un soutien minimum sans risque à ceux qu’on aime. Il restera au gouvernement à gérer les conséquences économiques et sociales de ce changement de comportement imposé qui risque durer.

Egalement publié sur Contrepoints 



08/11/2020
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