papyrural, Le blog d'Armand PAQUEREAU

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Agriculteurs ou parias ?

Depuis les symptômes d’irritation qui ont affecté les élèves d’une école de Villeneuve en Gironde, les conditions d’utilisation des phytosanitaires en agriculture ont fait l’objet de contraintes supplémentaires. Un tollé contre l’utilisation de « pesticides » s’est amplifié, conforté par l’action de la sénatrice charentaise Nicole BONNEFOY, pour mette en œuvre des mesures pour préserver la santé des français. Il faut tout de même noter que des deux exploitants mis en cause dans l’affaire précitée, l’un cultivait en Bio et utilisait des produits autorisés (soufre et la bouillie bordelaise), indispensables pour protéger la vigne de l’oïdium et du mildiou. http://www.lavigne-mag.fr/actualites/enfants-intoxiques-en-gironde-l-administration-moins-sure-d-elle-90534.html

Les conditions réglementaires d’utilisation de ces produits sont déjà très restrictives : absence de vent, délais d’entrée du personnel dans les parcelles après traitement, protections spécifiques pendant et après l’application. Le cumul de ces restrictions avec les conditions météo, la réglementation du code du travail (temps de travail, jours de congé, week-ends, etc…) face à la pression des maladies peut conduire à une impossibilité totale de protéger les cultures.

Mais malgré ces conditions très difficiles, les agriculteurs sont traités de pollueurs, d’empoisonneurs et de destructeurs de l’environnement. Même dernièrement, lors des pics de pollution urbaine, les agriculteurs sont implicitement accusés de la pollution par les particules fines : http://www.notre-planete.info/actualites/4234-pic-pollution-particules-France

« Selon Airparif, ces particules proviennent « de réactions chimiques de gaz entre eux (particules secondaires), et notamment du nitrate d'ammonium et du sulfate d'ammonium. Ainsi, lors de l'épisode de mars 2014, ces composés inorganiques secondaires représentaient certains jours plus de 60% de la masse des particules PM10 mesurées. »

Ainsi, des particules d’engrais épandus par les agriculteurs se retrouveraient concentrées au-dessus des agglomérations citadines, alors que le fin fond des campagnes ne connaît aucun pic de pollution ?

Autre exemple inquiétant : les agriculteurs sont directement accusés de la disparition des abeilles. Il n’est pas question de prétendre que les modes de culture, les phytos utilisés n’ont aucune incidence sur les problèmes rencontrés par les apiculteurs, mais la mortalité des abeilles dans des zones de montagne, loin  de toute culture mérite une étude plus approfondie avant de jeter l’opprobre sur toute une profession. Il en résulte que les mesures prises pour lutter contre ce problème résultent de la quadrature du cercle pour les cultivateurs. L’obligation de ne traiter avec certains insecticides qu’après le coucher du soleil va restreindre les temps d’application et mettre les cultivateurs en infraction avec la loi sur le bruit, et les faire poursuivre par les voisins pour tapage nocturne. Il faut pourtant bien prendre en compte que la viticulture, qui génère la majorité des excédents de la balance commerciale agro-alimentaire ne peut se passer de ces traitements, notamment contre la flavescence dorée qui, si elle n’est pas combattue avec efficacité, pourrait bien faire revivre à la France un cauchemar identique à celui du phylloxéra de la fin du 18ème siècle.

Plutôt que de stigmatiser la profession agricole, il serait utile de relativiser toute chose. Viendrait-il à l’esprit des environnementalistes qui ne jurent que par l’agriculture biologique de remettre en cause la médecine moderne. Car ce qu’ils promeuvent pour l’agriculture reviendrait à imposer à l’ensemble des citoyens de se soigner avec les seuls médicaments homéopathiques ou les médecines parallèles.

Les agriculteurs soignent leurs plantes et leurs animaux comme les médecins soignent leurs malades. Cependant, ni les médecins ni les malades ne sont accusés de polluer, même si les résidus médicamenteux sont retrouvés dans les eaux (perturbateurs endocriniens qui changent le sexe de poissons par exemple). Il faut noter une différence essentielle, les médecins ne paient pas les médicaments, les malades sont remboursés. Les agriculteurs ne sont pas remboursés des frais des traitements qu’ils appliquent et surtout ils en supportent le coût et pratiquent la parcimonie.

Plus les contraintes s’intensifient, plus le nombre d’agriculteurs diminue, autant par résultante économique que psychologique. Etre agriculteur, travailler pour nourrir les hommes en contrepartie d’une rémunération qui frôle souvent le demi-SMIC horaire et se faire traiter de pollueur et d’empoisonneur est insupportable et totalement injuste. Le taux de suicides en agriculture en est la triste  illustration. Citoyens Français réfléchissez, la nourriture abondante et de qualité que vous trouvez sur les étals pourrait se raréfier, et très bientôt venir de très loin où vous ne pourrez plus contrôler les conditions de production. Il fut une époque difficile et pas très lointaine où le voisinage avec un agriculteur était une chance et une garantie de sécurité alimentaire…

A bon entendeur… Salut !



06/11/2020
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