papyrural, Le blog d'Armand PAQUEREAU

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Acharnement pour tuer l’agriculture

On se souvient des épandages de fongicides qui avaient défrayé la chronique près de l’école de Villeneuve de Blaye en mai 2014.

Les deux domaines viticoles incriminés, dont un Bio (ce point est très important) avaient été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Libourne qui avait classé sans suite l’affaire en 2015. En 2017, le juge chargé de l’affaire avait prononcé un non-lieu.

La SEPANSO, fédération régionale des associations de protection de la nature de la région Aquitaine, suivie par Générations Futures, avaient alors décidé de faire appel de cette décision. Le parquet de Bordeaux soutient les poursuites au motif « qu’il existe des charges suffisantes ». En effet, l’argument retenu est que l’infraction est constituée dès lors que les entreprises en cause n’ont pas mis en œuvre les moyens appropriés pour éviter une contamination hors de la zone traitée sans qu’il soit prouvé la réalité d’une contamination.

Cet argument découle d’une Newsletter de Générations Futures (1) qui demande entre autres contraintes pour les agriculteurs de : « Rendre obligatoire les anémomètres enregistreurs embarqués dans les tracteurs pulvérisateurs. ».

Si cette mesure peut sembler utile pour se défendre contre d’éventuelles poursuites, chaque agriculteur sait très bien qu’elle rend les traitements impossibles. Ou bien l’agriculteur respecte au mètre près la vitesse du vent, doit s’arrêter à la moindre saute de brise, et dans la presque totalité des cas ne pourra finir son traitement dans la fenêtre météo aléatoire, ou bien il sera à la merci de son voisinage qui ne manquera pas de le poursuivre au tribunal. On peut d’ailleurs supposer que les associations écologistes demanderont des contrôles à postériori des enregistrements pour obtenir des condamnations et des dédommagements.

Derrière ce cheminement de la procédure, on sent la volonté d’interdire totalement l’usage des produits de protections des plantes et animaux en agriculture. Car le cas de Villeneuve de Blaye est exemplaire : un des deux domaines incriminés pratiquait la culture Bio. Et contrairement à ce que l’opinion nie, relayée en boucle par les médias, la Bio a elle aussi besoin de protéger ses productions, sans quoi les maladies et les ravageurs anéantissent les récoltes.

Il est patent que l’opinion accepte d’utiliser sans sourciller pour des usages domestiques des produits qu’elle entend interdire aux usages agricoles. La récente polémique des œufs contenant des résidus infimes de Fipronil n’a jamais mis en parallèle ce même produit utilisé pour protéger les animaux de compagnie des parasites qui les agressent. Comment faire un tapage relativement aux infimes parties de Fipronil contenues dans ces œufs et totalement occulter le même produit disposé sur le pelage des animaux de compagnie, que les bambins caressent et portent directement à leur bouche ? Cet état de fait ne semble pas interpeller les associations comme Générations Futures dont le seul but semble de diaboliser les agriculteurs.

Le cas du glyphosate est lui aussi caractéristique : Alors que son utilisation en France ne laisse aucun risque de résidu dans le produit récolté car il n’est utilisé que sur les adventices et jamais sur la culture elle-même, les analyses sur des produits [OGM] (2) importés démontrent une présence de glyphosate importante. Mais on s’aperçoit que la réglementation s’adapte pour satisfaire aux importations (3) :
« Par exemple, en 2012, la LMR du glyphosate dans les lentilles (dans l'Union européenne) a été multipliée par 100 en passant de 0,1 mg/kg à 10 mg/kg. À la demande de Monsanto, l'EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments) a augmenté la LMR afin de prendre en compte l'utilisation autorisée du glyphosate sur les lentilles (pré-récolte) aux États-Unis et au Canada (cette pratique n'est pas autorisée en Europe). »

Ainsi, on veut interdire en France l’usage d’un herbicide qui ne présente aucun risque résiduel dans les produits récoltés selon les règles culturales nationales, mais on accepte l’importation de produits qui en contiennent, et pire, on adapte la réglementation pour permettre ces importations.

Après l’extension des ZNT aux abords lieux sensibles, qui vont rendre incultivables des surfaces très conséquentes, les moyens de coercition précités vont rendre impossible toute protection des cultures proches de tout voisinage.

Il semble que la volonté politique soit d’éradiquer l’agriculture de notre pays pour préserver un espace rural que l’opinion veut pur et vierge. La vocation nourricière de l’agriculture est totalement abandonnée au profit d’importations dont la qualité et les garanties sanitaires sont loin d’égaler les productions nationales. Les écologistes préfèrent importer du poulet brésilien ou de la vache argentine en ignorant les conditions dans lesquels ils sont nourris et élevés, du moment que ça ne sent pas le fiente ou la bouse en France !

Dans les années 40 les citadins venaient mendier des patates en campagne, cette situation pourrait revenir lorsque notre balance commerciale sera en faillite. Mais les citadins n’auront plus le loisir de cet ultime recours, car en empêchant les agriculteurs de protéger leurs récoltes, il n’y aura plus ni récolte, ni agriculteur !

 

(1) http://victimes-pesticides.fr/temoignez/

(2) https://www.coordinationrurale.fr/images/opg/%C3%A9chantillon1.pdf

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Glyphosate



07/11/2020
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