PAC : l’idéologie écolo va-t-elle tuer l’agriculture française ?
PAC : l’idéologie écolo va-t-elle tuer l’agriculture française ?
« Gouverner, c’est prévoir, c’est choisir, c’est exécuter ». Cet adage de sagesse n’est malheureusement que partiellement exécuté, la prévision sur le moyen et le long terme étant le parent pauvre de tous les gouvernements. Ainsi en est-il de la politique énergétique, notamment en Allemagne et en France.
L’Allemagne, sous la pression des écologistes, s’est privée de son énergie électrique nucléaire pour se retrouver en pénurie par l’arrêt de fourniture du gaz russe alimentant ses centrales électriques.
La France, toujours sous la pression écologiste, a fermé la centrale de Fessenheim, et a affecté au photovoltaïque et à l’éolien des budgets qui ont manqué pour entretenir les réacteurs nucléaires aujourd’hui à l’arrêt.
La base de la sagesse quand on prend une décision, que ce soit en politique ou pour son compte personnel, est d’étudier quelles seront les conséquences à court, moyen et long terme de cette décision.
On commence à constater les conséquences des choix écologiques en matière d’énergie : augmentation des prix, risque de pénurie, dépendance extérieure. Mais malgré cela, au titre de l’écologie pour « sauver la planète », on veut imposer les voitures électriques sans s’inquiéter de l’énergie électrique supplémentaire qui sera nécessaire pour les alimenter. L’équation est tellement déséquilibrée qu’on croit cauchemarder. L’idéologie est en train de tuer la sagesse, et pas une voix ne s’élève ?
La PAC (Politique Agricole Commune) y va de son couplet.
A partir de 1992, lors de la réforme de cette PAC crée par le traité de Rome en 1957, des primes compensatoires ont été allouées aux agriculteurs pour leur permettre de supporter la baisse de leurs prix de vente qui venaient d’être alignés aux prix mondiaux, largement inférieurs.
Ces primes ont perdu leur caractère compensatoire pour être assujetties à des mesures agroenvironnementales de plus en plus contraignantes. Les agriculteurs ont été confrontés à des obligations et limitations dans leurs pratiques professionnelles qui se sont avérées lourdes de conséquences en matière économique et de conditions de travail.
La dernière version a été élaborée dans le PSN (Plan Stratégique National » présenté par la France à la Commission Européenne pour la définition de la PAC 2023-2027. Après avoir dans un premier temps repoussé ce plan pour insuffisance de cohérence avec les orientations de la commission, il a été enfin validé pour correspondre avec les orientations écologiques imposées par le programme Farm to Fork.
D’ici à 2030, l’agriculture Européenne doit baisser de 50% son utilisation de « pesticides » (fertilisants, produits phytos-sanitaires de protections des cultures, médicaments animaux et herbicides). Dans le même temps, elle doit affecter 25% de ses surfaces à l’agriculture Biologique. Ces mesures, instamment demandées par les lobbies écologiques, ont été décidées sans prendre conscience des conséquences qu’elles engendreront.
Il suffit de regarder la réalité dans l’actualité
Après une progression régulière depuis le début 2000, la demande en Bio semble régresser puis s’inverser brutalement :
Le géant laitier Lactalis a ainsi dû écouler « plus de 30% de la collecte du lait bio (...) au prix du lait conventionnel » en 2021. Son concurrent SODIAL a réduit ses paiements et incité financièrement ses producteurs à diminuer la collecte. Dans un courrier au Ministre de l’Agriculture, des organisations de producteurs de l’ouest ont alerté sur un excédent de 14% de l’effectif des poules pondeuses sur les besoins actuels du marché.
Depuis 2008, les dé-conversions Bio ont oscillé entre 0.9 et 6%, avec un pic en 2021. Si des agriculteurs abandonnent la Bio, c’est probablement qu’ils ont des raisons valables.
Malgré tous ces éléments incitatifs à la prudence, les instances européennes persistent dans leur course aux contraintes écologiques.
Pour avoir accès aux primes qui accompagnent les « éco-régimes » les agriculteurs devront satisfaire à trois critères principaux :
ðLa première voie concerne les pratiques agricoles : maintien des prairies permanentes, diversification des cultures, et enherbement de l’inter-rang (parcelles en arboriculture et viticulture).
ðEnsuite, la seconde impose de disposer d’un minimum d’IAE (5 à 10%de la superficie totale) sur l’exploitation (Infrastructures agroécologiques non productives favorables à la biodiversité telles que les haies, jachères, etc..).
ðEnfin, la certification environnementale (BIO, HVE) représente la troisième voie d’accès aux éco-régimes. La HVE impose la diminution des intrants et phytos. La Bio interdit les phytos de synthèse chimique et les fertilisants chimiques.
Pour bénéficier des primes d’éco-régimes afférentes aux différentes spécialités, la conformité à la troisième exigence est impérative et obligatoire.
En ce qui concerne les IAE, il est précisé qu’elles concernent des surfaces non productives (haies, arbres, fossés, jachères, etc..). Il a déjà été démontré l’effet négatif des haies sur la productivité des parcelles.
Ainsi, dans un contexte économique de pénurie alimentaire, l’UE veut imposer une restriction conséquente des surfaces productives, et une agriculture Biologique dont il n’est pas contestable que ses rendements sont inférieurs de 30 à 50% et une réduction drastique des produits de protection des cultures.
De plus, Il suffit de regarder la répartition de L’Euro alimentaire en 2015 décomposé en valeurs ajoutées,
Les 6,5% de valeur ajoutée laissés à l’agriculture illustrent la fragilité des exploitations. Le peu de marge de productivité qui leur reste face à la concurrence internationale sera anéanti par un durcissement des règles de la PAC.
Errare humanum est, sed perseverare diabolicum !
Malgré le contexte économique, malgré la pénurie de carburants et d’énergie qui vont affecter les conditions de production des cultures européennes, l’UE persiste dans son idéologie (religion ?) écologiste.
Bien que « L’absence de bénéfice explicite du verdissement en matière d’environnement et de climat a été mise en évidence par la Cour des comptes française et la Cour des comptes européenne concluant sur des effets « limités sinon nuls » du verdissement dans son référé de 2018 dans la plupart des Etats de l’UE » (cf PSN PAC 2023-2027 p 109), L’UE veut diminuer l’emploi des produits de protection des cultures, des fertilisants et imposer des surfaces improductives quand le monde entier redoute une pénurie alimentaire et les mouvements sociaux qui en découlent, comme en 2008.
Les exemples d’erreur en matière de politique énergétique citées en début d’article n’ont pas incité les décideurs de la PAC a plus de sagesse et de prospective dans leurs décisions.
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Vouloir satisfaire des écologistes dont certains, en voulant s’attaquer à un train qu’ils pensaient contenir du soja d’importation, ont saccagé 1500 tonnes de blé sans être capables de faire la différence entre un grain de blé et un grain de soja est un choix de référence plutôt douteux.
Imposer des décisions qui vont participer à une pénurie alimentaire inéluctable est plus qu’une erreur de jugement, c’est un crime contre l’humanité !
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