papyrural, Le blog d'Armand PAQUEREAU

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Ils veulent sacrifier l’agriculture

Alors que l’artificialisation des terres agricoles perdure et progresse, que la réglementation restreint de manière importante les surfaces cultivables par des zones non traitées (ZNT), certains citoyens en rajoutent, dont France Nature environnement, qui dans une lettre au Président de la République associée à une pétition « demande d'interdire les épandages à proximité des habitations ainsi que des zones naturelles remarquables ». Cette pétition, qui a selon le site support, a recueilli au 02 08 2019 14175 participants, expose sa justification dans une enquête (1) effectuée auprès de 1131 personnes de deux communes du Tarn et Garonne vivant à proximité de vergers. Selon cette étude (2), elle démontrerait « que la fréquence d’apparition de maladies est anormalement élevée chez les riverains de vergers, parcelles fortement consommatrices de pesticides. »

Pour renforcer la crédibilité de son étude, FNE cite en référence un rapport de l’INSERM (3).
Ce rapport est cependant beaucoup plus prudent et modéré : « il semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte : la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non Hodgkinien, myélomes multiples). »

Il précise par ailleurs : « Les pesticides sont présents partout dans l’environnement. On peut les trouver dans l’air (air extérieur et intérieur, poussières), l’eau (souterraines, de surface, littoral, …), le sol, et les denrées alimentaires (y compris certaines eaux de consommation) ».

Mais FNE ne mentionne bien évidemment pas le rapport AGRICAN de 2014 (4) élaboré par l’Université de Caen, l’INSERM, UNICANCER-Fondation François BACLESSE et validé par l’ANSES, la Fondation de France, la Ligue contre le cancer, la MSA, Ecophyto, l’ONEMA, et les ministères de l’environnement et de l’agriculture.

Cette étude a collecté sur 30 ans des données relatives aux pathologies cancéreuses sur 14,8 millions de personnes et 17 départements cibles, représentant 23% de la population française. Le protocole a été de comparer une cohorte d’agriculteurs (personnes travaillant sur des exploitations agricoles) à une cohorte témoin de la population afin de déterminer la fréquence de décès par différents types de cancers pour chaque cohorte.

 Il s’avère que, dans la moyenne statistique, les hommes de la cohorte agricole présentent une cause de décès par cancer inférieure de 30% à celle de la population témoin, et les femmes inférieure de 24%. Cependant, certains cancers peuvent être plus fréquents, comme le mélanome de la peau pour les femmes et les Myélome multiple et plasmocytome chez les hommes.
La comparaison des décès pour différentes causes révèle 29% en moins chez les hommes et 28% en moins chez les femmes de la cohorte agricole que celle de la population témoin.

Certaines de ces données sont corroborées par l’étude américaine : « Cancer incidence in the Agricultural Health Study after 20 years of follow-up. » (5)

Ainsi, le recours à un pétition pour appuyer une revendication relève plus d’une manipulation médiatique que d’une réalité scientifique : France Nature Environnent, sur une étude de 6 mois auprès de 1131 personnes de 2 communes entend prouver le contraire d’un rapport officiel qui étudie 14,8 millions de personnes sur 30 ans et 17 départements, couvrant 23% de la population totale !

On peut aussi s’interroger sur la pertinence d’une pétition : lors de la demande d’autorisation pour installer un élevage bio de poules pondeuses avec parcours extérieur, une pétition (6) lancée dans un bourg de 2000 habitants a reçu près de 28 000 signatures. La majorité de ces signataires avaient-il à souffrir du voisinage de de poulailler ?

L’obsession à vouloir interdire l’usage des « pesticides », comme ils s’acharnent à les nommer, conduit FNE et les écologistes en général à demander des mesures délétères qui, si elles sont appliquées comme demandé, vont impacter gravement la production alimentaire de notre pays. Une habitation avec terrain de 500m² implantée au milieu de terres agricoles ferait interdire de culture 10,35 hectares, pour une distance de retrait de 150 mètres.

Et on ne peut invoquer de cultiver en Bio pour éviter le problème, car lors de l’incommodation des écoliers de Villeneuve de Blaye par les traitements fongicides de vignes voisines, un viticulteur Bio se trouvait incriminé.

Si on doit par civisme écouter les exigences des écologistes opposés aux pesticides, pourquoi ne s’opposent-ils pas à l’importation de produits alimentaires qui contiennent des résidus de produits interdits en France (par exemple le glyphosate sur OGM) ?

Les conséquences sont déjà irréversibles : Interdire aux agriculteurs de protéger leurs récoltes et leurs animaux avec des produits phytosanitaires homologués comme tout citoyen se protège avec des médicaments, laisser importer des produits alimentaires concurrents de nos productions qui ne respectent pas les normes nationales génère la disparition des entreprises agricoles et des agriculteurs.

Cette disparition engendrera l’ensauvagement des paysages, la dépendance alimentaire de la France à une nourriture sans traçabilité, la désertification des espaces ruraux et un effondrement du PIB national.

Voltaire avait déjà raison : « On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres. »

Mais souvenons-nous, il y a moins d’un siècle, les citadins du pays occupé venaient mendier de quoi se nourrir chez les paysans !

https://www.charentelibre.fr/2019/05/14/9000-poules-sement-la-discorde-a-garat,3430052.php



08/11/2020
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