papyrural, Le blog d'Armand PAQUEREAU

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Eureka : le Covid19 a sauvé la planète !

Le Covid19 a été plus efficace que Ste Gretha ; en peu de temps, il a quasiment fait disparaître du monde entier la pollution au CO² et aux NOx. De nombreux médias se font le relais de cette spectaculaire diminution de la pollution, photos satellites à l’appui. Fait curieux, les associations écologiques sont assez discrètes sur le sujet. Elles devraient pourtant pavoiser, voyant se concrétiser leurs vœux maintes fois réitérés : les rues des villes quasi désertes, pas de déplacements générateurs de pollution, la vie au ralenti, avec une consommation économe. Bref, une planète qui respire.

Mais la pollution n’a pas totalement disparu 

Les environnementalistes écologistes ne désarment pas : ils dénoncent un pic de pollution dans le nord de la France dû « une production importante de particules dans l'atmosphère […] combinée avec une production locale de particules (chauffage, etc.) » Sont particulièrement visés les chauffages au bois. Ce qui semble curieux, c’est que depuis que l’homme a découvert le feu, nos ancêtres se sont chauffés au bois sans que cela ne semble avoir affecté leurs bronches.

Relativement à ce pic de pollution, à un moment où le trafic et l’activité sont au ralenti maximum, le collectif Air-Santé-Climat interpelle l'État sur « la nécessité de limiter drastiquement les épandages agricoles, afin de tout mettre en œuvre pour limiter la propagation du coronavirus » ! Tous les prétextes, même les plus extravagants, sont bons pour dénigrer l’agriculture et affoler les populations.

C’est vrai que le virus n’a pas tout résolu : les ruminants continuent d’exhaler du méthane, cette «pollution» moderne, dénoncée depuis ce 21ème siècle, alors que les ruminants ruminent depuis la nuit des temps, et le nombre des ruminants d’élevage diminue depuis 1990. Les végans et animalistes vont régler ce problème en interdisant l’élevage ; vont-ils aussi éradiquer les ruminants sauvages de la planète ?

La mise en évidence de priorités

Après diverses incohérences dans la lutte contre la diffusion du virus :
 - Maintien d’un match de foot avec 3000 supporters italiens venant d’une région contaminée,
 - Fermetures de marchés ouverts et maintien de l’accès aux supermarchés,
 - Hésitation et retard de la décision de confinement,
 - Imprécision dans la définition des activités et des personnes exonérées du confinement,

Il s’est vite avéré que des activités restaient essentielles, indispensables et vitales :
 - Le professions de santé et de soins aux personnes âgées,
 - Les professions en lien avec la production, l’acheminement, la distribution de biens alimentaires (le gouvernement dans sa grande impréparation avait oublié que les routiers étaient un maillon indispensable de cette chaîne)
 - L’agriculture qui est le maillon initial de la production alimentaire fut aussi victime de cette impréparation par la blocage de la main d’œuvre nécessaire à la récolte des produits de saison qui ne peut souffrir d’aucun report sans être totalement perdue  pour le producteur, mais aussi pour le consommateur.

 Bien évidemment, l’économie s’effondre avec le confinement mais existe-t-il d’autre moyen efficace d’enrayer la contagion par contact entre les individus ? Le plus important est-il d’aller aux sports d’hiver, de faire du tourisme, de remplir des stades ou de préserver la possibilité à la population de pouvoir manger chaque jour ?

Vers un changement de paradigme ?

Ce confinement nous révèle l’extrême fragilité de la mondialisation, où un virus peut en quelques semaines envahir la planète, bloquer toute l’économie et nous acculer à une pénurie de biens nécessaires à la vie courante, mais surtout de denrées alimentaires indispensables à notre survie.

Quand on sait que la balance commerciale de produits agricoles, hors agroalimentaire, est devenue déficitaire depuis 2016, il est évident que notre modèle d’économie doit être revu pour privilégier une production et une consommation locales. Les lobbies écologistes continuent à fragiliser la production agricole française en lui interdisant l’emploi de produits de protection des cultures et en fermant les yeux sur les produits importés contenant des résidus de produits interdits en France. Leur vision de la production agricole nécessiterait des centaines de milliers d’emplois supplémentaires pour remplacer techniquement dans la production agricole ce que la chimie, la génétique et la mécanique ont permis en progrès de rentabilité.

Le dérèglement de l’approvisionnement de la chaîne alimentaire généré par le confinement dû au Covid19 met cette éventualité en évidence. Le gouvernement a demandé une solidarité de français volontaires pour pallier les travailleurs confinés, effectuant habituellement les récoltes. Il ne semble pas rencontrer une adhésion intense ! Mais l’adhésion serait sans doute encore moins enthousiaste si on demandait d’aller arracher des chardons, sarcler des betteraves ou ramasser des doryphores.

Penser revoir le modèle agricole en remplaçant la chimie par de la main d’œuvre est utopique : comment acheminer ces centaines de milliers de travailleurs de leur lieu de résidence citadine vers les nouveaux lieux de travail en pleine campagne ? Comment rémunérer correctement ces travailleurs quand on peut désherber chimiquement un hectare pour quelques dizaines d’Euros ? Quant à la protection des cultures contre les maladies et les ravageurs, la main d’œuvre peut-elle remplacer les insecticides ou les fongicides utilisés même en production Bio pour protéger les récoltes ?

L’après Covid19 sera-t-il différent ?

La prise de conscience de la priorité alimentaire dans le vie quotidienne, mise en exergue par la pandémie sera-t-elle plus ou moins durable ? Sûrement tant que le dérèglement de l’économie engendré par la lutte contre la contamination mettra les citoyens devant des réalités matérielles, tant que des pénuries rappelleront aux populations les priorités alimentaires, les comportements des consommateurs s’en trouveront modifiés.

Mais bien vite, dès que ces difficultés s’atténueront, les vieux réflexes reprendront le dessus. Chacun voudra obtenir plus pour moins cher, même si les denrées ou les produits proviennent du bout du monde avec un gaspillage d’énergie fossile causé par des transports polluants. Les consommateurs continueront à vouloir imposer une production agricole exemplaire, sans chimie ni mécanique, et préférer consommer des produits d’importation pleins de résidus de produits chimiques interdits chez nous. Les lobbies écolos veulent transformer l’espace rural français en un vaste parc de loisirs pour citadins où les agriculteurs ne seront tolérés que pour empêcher cet espace rural de retourner de friches en forêts. D’ailleurs, accepteront-ils de les rémunérer pour ce travail colossal ?

La pandémie sera comme une fracture du tibia : ça fait mal, ça immobilise un temps, mais dès la guérison, on oublie vite les précautions pour éviter une nouvelle chute… et tout peut recommencer !



08/11/2020
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